Un nouveau jour ... comme les autres {libre}

Découpant du bois à mains nues, il frappait avec une violence rare et loupait souvent son coup. Alors, il prenait un autre morceau et écartait les débris de l’ancien d’un souffle. Puis il recommençait, redoublant en rage et en puissance. Chaque piliers de barrière en bois lui apparaissait comme une pensées désagréable, comme un souvenir qu’il préférait oublier … La culpabilité le rongeait de l’intérieur, et la souffrance ne demandait qu’à sortir, qu’à s’exprimer … Les défenses de l’homme au cœur de pierre se fragilisaient dangereusement.

Il ne voulait pas se rappeler. C’était bien trop difficile à supporter … Et même pour lui qui avait une force exceptionnelle, c’était un fardeau beaucoup trop lourd. Coupable … Coupable … Coupable … Il coupa son bois avec tant de violence que les deux morceaux volèrent à travers la pièce, comme deux projectiles meurtriers. Oh non … Rattrapons-les avant que ça ne fasse de dégâts …

En un éclair, les deux morceaux se retrouvèrent docilement à côté d’un Clark sur les nerfs. Un Clark qui, agacé par toutes ses pensées parasites, se laissa aller contre un poteau de bois, regardant le ciel avec une infinie tristesse …

C’était pourtant une belle journée, comme il y en avait souvent par ici. Le ciel était d’un bleu saphir à faire sourire un vacancier et le soleil brillait comme un phare en pleine nuit. Aucun nuage ne venait tâcher se si beau décors. Un très léger vent frai apportait un peu de douceur à la chaleur de ce temps donc on ne pouvait se plaindre de la température. Un temps qui ne me va pas …

Non, Clark n’avait pas l’esprit propice à se réjouir d’un tel temps. Appuyé sur le poteau, il commençait à laisser ses pensées l’envahir … il savait pourtant que c’était dangereux, vu les idées qui les accompagnait parfois … On dit que toucher du bois porte bonheur … n’importe quoi … Il y avait du bois partout autour de lui, et ce depuis longtemps … cela ne lui avait pas apporter beaucoup de sourire … mais surtout pas mal d’ennuis …

Clark revit alors sa rupture avec Lana … Elle le quittait parce qu’elle n’arrivait pas à le cerner … il avait refusé de lui avouer son secret. Il en avait payé le prix … Un autre souvenir lui traversa l’esprit … il se vit assistant au mariage de Lex avec Lana justement … Il en avait les larmes aux yeux … Ces souvenirs lui faisait mal … si mal … Pourtant, il devrait se dire que c’était terminé depuis longtemps … mais non. Un autre souvenir lui vint … Une voiture explosait, alors que Lana venait tout juste d’y monter. C’était ça qu’il ressentait, la même impression qu’il avait sentit la première fois qu’il avait entendu ça … l’impression de l’avoir perdue, à tout jamais, par sa faute … Car la dernière image qui entra dans son esprit était celle d’une Lana au yeux vide, Brainiac à ses côtés …

Ses poings se serrèrent. La fureur venait essayer de cacher sa tristesse. Il se sentait tellement coupable … Non … Ce n’est pas ma faute ! C’est … Brainiac ! C’est lui qui la manipule ! Je … Mais déjà, les poings perdaient leur force. Déjà, la bouche se crispait, et le visage suivait. Déjà, les yeux de l’homme à la peau d’acier brillaient, et l’humanité qu’il désirait tant lui montra sa grande faiblesse. Son cœur s’ouvrait alors et c’est une de ses rares larmes qu’il versa sur sa joue …

Il avait envie d’hurler, de détruire quelque chose, de voir Brainiac souffrir, de voir le Mal tomber, de sentir les os de Lex sous ses doigts se briser. Il voulait voir ses problèmes s’envoler, et désirait se réveiller et s’apercevoir que tout ce qu’il vivait n’était qu’un horrible cauchemar qui n’avait que trop durer. Mais la réalité était pourtant là. Comme lorsqu’il avait perdu son père. C’était irréversible. Il ne pouvait rien changer … L’émotion le submergeait …

- Non … Avait-il dit comme si ce simple mot pouvait tout changer. Comme s’il avait le pouvoir de faire revenir sa bien aimé. Comme si le Bien pouvait triompher … avec un simple mot.

Mais ce n’était pas le cas. Il devait réparer ses erreurs. Il devait se battre. Il devait affronter lui-même le Mal et tout remettre dans l’ordre. Il le devait. Par amour pour son père. Par devoir envers les hommes. Pour protéger ceux qu’il aimait. Par vengeance contre le Destin sadique qu’il subissait. Par amour pour Lana …

Soudain, il entendis des pas. Son orgueil le poussa à ravaler ses larmes et à reprendre son travail comme si de rien n’était. Comme s’il n’avait rien entendu. Et les bois subirent à nouveau ses sentiments refoulés.

Ça n’était une période facile pour personne. La semaine qui venait de s’écouler avait d’ailleurs été particulièrement mauvaise pour le moral des troupes, quelles qu’elles soient.
Chloe se sentait fatiguée. Par tout. Fatiguée d’avoir à chercher un moyen de ramener Lana à elle. Fatiguée de sa relation avec Jimmy qui battait à nouveau de l’aile. Fatiguée de devoir mentir à Lois et de ne pouvoir lui dire qu’elle était infectée par les météorites.
Fatiguée de devoir prétendre que tout allait bien. Fatiguée de soutenir tout le monde. Fatiguée de porter la misère du monde sur ses épaules. Fatiguée de ne pas pouvoir se laisser aller à ses émotions...
Exténuée par Smallville et ses trop nombreux mélodrames.
Pourtant, Chloe tenait le coup. Elle se devait d’être forte. Elle savait que Clark devait pouvoir compter sur elle, ce n’était pas le temps de le lacher. Alors elle s’était préparée, avant accroché un sourire enjoué sur son visage, et était bien décidée à aller le soutenir, à lui rappeler qu’elle était là, et qu’elle serait de toute manière toujours là pour lui. Quoiqu’il arrive.

Elle s’installa à bord de sa voiture, jeta un dernier coup d’œil dans le rétroviseur intérieur. Elle était très bonne comédienne. Rien ne la trahissait. Elle avait dissimulée les cernes de sa nuit blanche passée à cogiter, et le maquillage qui soulignait son regard suffisait amplement à dissimuler qu’elle avait les yeux rougis d’avoir trop pleurée. Lana était sa meilleure amie, il ne fallait pas l’oublier.
Plongée dans ses pensées, elle avait conduit par automatisme et était maintenant garée devant le ranch des Kent. Elle s’extirpa de la voiture, prit une profonde inspiration, et s’élança d’une démarche assurée. Elle ne mit pas longtemps à trouver Clark. Il était dos à elle, et semblait s’affairer à couper du bois.
A la simple force de ses mains, évidemment.

La jolie blonde se glissa donc devant son meilleur ami et lui fit un grand sourire, qu’elle fit le plus sincère possible.

Salut, toi...

Il n’aurait jamais du la laisser seule … il s’était fait avoir tellement bêtement … Milton Fine, une machine Kryptonienne, un homme venu d’ailleurs. Qu’importe, cette chose avait montré de nombreuses fois qu’elle maîtrisait l’art de la manipulation au plus haut point … la sournoiserie et la lâcheté faisait d’elle une créature diabolique, au sadisme certain et à la pitié lacunaire. Et c’était cet être immonde lui avait retiré l’amour de sa vie … peut être de façon définitive … Non … il y a encore un moyen de la ramener … sûrement … obligatoirement … probablement …

Comment avait-il pu la laisser aussi vulnérable ? Comment était-il passé à côté des signes évidents que lui avait laissé entrevoir cette ordure de machine ? Comment avait-il osé laisser la femme de sa vie sans la moindre protection ? Ce n’était pas humain de s’être comporter ainsi. Oui mais voilà le problème … Je ne suis pas humain … Un morceau de bois vola à travers la pièce et Clark ne se donna pas la peine d’aller le chercher.

Au loin, le vent portait le bruit caractéristique de roues qui roulaient sur des graviers, ou sur un terrain sablonneux. Le bruit dura un moment, le temps qu’il fallait pour qu’un moyen de transport à usage familial au maximum pour atteindre le devant de la maison des Kent. De toute évidence, une voiture venait de s’y garer et au son d’un claquement assez fort, quelqu’un en était descendu. Ses pas semblèrent raisonner jusqu’à la grange …

Et pourtant, Clark n’entendait rien. Ou peut être ne voulait-il rien entendre du monde extérieur ? Toujours était-il que tous ces bruits, même avec son ouïe surdéveloppée, lui furent aussi perçus qu’une musique écouté sur un volume à zéro. Seul le bruit caractéristique d’un poteau de vois coupé avec violence était accepté par son système auditif. Lana … Non … ce n’est pas le moment de craquer … pas encore …

Vêtu d’un jean et d’une simple chemise à carreaux rouges et blanc, il semblait assez peu soigneux de son apparence ces derniers temps. Sauf quand il avait envie d’aller voir quelqu’un, ce qui était rare, il restait dans sa ferme et s’habillait un peu au hasard, temps qu’il ne se promenait pas en tenue d’Adam. Les animaux ne lui reprochaient rien. Encore heureux … Houla, n’allez pas croire qu’il ne se lavait pas ! Ah non, tout de même. L’habit n’est pas l’hygiène !

Chloé -Salut, toi…

Clark leva la tête et fut presque surprit de voir Chloé lui faire un grand sourire, comme à son habitude. Il lui répondit par un des siens, beaucoup plus petit, beaucoup plus mystérieux. Un sourire qui n’engageait à rien, qui ne voulait pas dire grand-chose. C’était plus une réponse physique polie qu’autre chose. Il détourna le regard. Il venait de se dire que les traces de ces récents pleurs risquaient de se voir de manière flagrante, lui qui ne montrait jamais ses sentiments … Il reprit alors la découpe de son bois, toujours à mains nues, toujours avec autant de violence.

- Salut Chloé … Comment … comment tu vas ?

C’était une question banale. Mais la banalité l’était tellement peu que finalement, cette question un peu réflexe revenait de moins en moins souvent. Car fréquemment, lorsque la jeune journaliste venait le voir à la ferme, c’était pour lui parler de phénomènes étranges et autres paranormalités. Sauf que cette fois, Clark ignorait que c’était pour aucune de ces raisons, pour une fois.

Un autre morceau de bois fut éjecté un peu plus loin. Clark vérifia simplement qu’il se dirigeait loin de Chloé pour s’assurer que son intervention n’était pas inévitable. Puis il se remit au travail. Il pensait … sa question n’était pas si automatique que ça … Chloé aussi était une proche amie de Lana. Chloé aussi était concerné par les histoires tournant autour des Kryptomonstres … Chloé aussi ne devait pas être dans son assiettes ces derniers temps … La violence de Clark envers le bois diminua d’intensité …

En voyant ce regard encore un peu rougis et cette mimique triste, Chloe sentit toute sa détermination exploser. Le petit sourire machinal et forcé que lui avait renvoyé Clark venait de lui fendre le cœur, ni plus ni moins. Chloe ne supportait pas de voir son meilleur ami dans cet état, et se sentit encore plus coupable de ne pas pouvoir l’aider à aller mieux. Elle pouvait bien sûr faire tout ce qui était en son pouvoir, mais ça ne ramènerait pas Lana, de toute manière...

Alors qu’elle sentait la tristesse s’insinuer en elle comme un serpent rampant sournoisement, elle décida de se ressaisir. Elle prit une profonde inspiration à peine audible, se redressa, et garda ce petit air compatissant, amical, presque enjoué. Elle réussit à articuler sans que sa voix ne laisse échapper le moindre tremblement mal assuré, toujours une mimique adorable plaquée sur le visage :

On se fiche de savoir comment je vais moi. Je suis venue pour te voir, toi...

Clark, imperturbable, avait recommencé à couper son bois. Ou... peut-être plutôt à l’écarteler, le torturer, l’exploser, le faire valdinguer... Pas besoin de s’appeler Docteur Freud pour comprendre que le jeune homme était en train de se défouler dessus. Il y mettait une rare violence, ce qui ne lui ressemblait pas tellement. Chloe ne savait pas comme s’y prendre, elle voyait bien la détresse de son ami, mais elle cherchait ses mots, et ne les trouvait définitivement pas. Qu’est ce qu’on était censé dire à son ami, lorsque l’amour de sa vie était possédé par une entité extraterrestre ? Personne ne lui avait jamais appris à réconforter les personnes touchées par ce genre d’évènements.

Ce n’est que lorsque la moitié d’un tronc vola à travers la pièce que Chloe décida qu’il était temps de passer à l’action. Elle tenta d’abord de calmer les battements de son cœur, qui battait la chamade par la frayeur qu’elle venait de se faire en voyant l’imposant morceau de bois voler à travers la pièce, puis elle se lança. La jolie blondinette fit un pas en avant et posa une main compatissante sur l’épaule de Clark, cherchant ses yeux de son adorable regard vert.

Ce geste, ce n’était pas grand-chose. Mais pour la jeune femme, il signifiait beaucoup. Elle avait tenté d’y placer tout l’amour qu’elle avait encore en réserve, et voulait déverser toute l’affection qu’elle avait en elle dans l’esprit de Clark. Il en avait tellement besoin...

Ce morceau de bois était tout ce qu’il haïssait … Lex Luthor, la colère, la rage, l’injustice, la culpabilité, l’amour déçu, Brainiac … la fatalité de la vie en général. Et le pauvre morceau subissait toute la hargne d’un Clark sur les nerfs, perdant plus facilement son self-control qu’en temps normal. Les pauvres échardes qu’il essayait de lui transmettre se brisaient sur sa peau d’acier et s’il avait eut une voix, les hurlements de souffrance n’aurait pas arraché la moindre pitié à un Clark qui ne voyait dans le bois qu’un échappatoire à un sur trop de sentiments refoulés …

Il avait presque envie de se retrouver seul, et d’hurler, ou frapper autre chose qu’un morceau de bois sans défense. Pourtant, la présence de Chloé ne lui était pas inconfortable, ni gênante. Non, il l’appréciait. Il commençait, doucement, à en ressentir les biens fait. Une présence rassurante … voilà ce qu’elle était en ce moment de noir. Et même plus que ça … une alliée, une amie … Une personne qui faisait qu’il n’était pas seul. Quelqu’un qui partageait sa peine. Quelqu’un qui avait souffert, presque autant que lui.

Il aurait aimé parlé, ou agir comme il l’aurait fait dans des circonstances plus joyeuses. Il aurait aimé lui dire qu’entre lui et Lana, c’était peut être un peu plus froid ces dernier temps, mais qu’il était en train d’essayer que tout s’arrange. Il aurait aimé lui demander comment son couple allait avec Jimmy Olsen. Il aurait bien voulut savoir sur quel problème elle se penchait à la fondation Isis … Il aurait même voulu que Lex n’ai jamais existé et pouvoir demandé à Chloé plutôt quel article elle était en train d’écrire pour le Daily Planet … Mais on pouvait aller loin avec les rêves …

Mais la vie n’était pas un rêve. Loin de la … c’était plutôt un cauchemar permanant. Lex, Brainiac, Clark les tenaient pour responsables. C’était peut être une vision un peu égoïste mais elle était pourtant partagée par de nombreuses personnes. Qui, dans chaque coin de rue ne s’estimerait pas mieux si Lex Luthor cessait de dominer sournoisement le monde avec ses contacts, ses menaces et sa corruption ? Qui, au quartier général du Gang, ne se sentirait pas mieux une fois que Brainiac aurait été mis hors d’état de nuire, et Lex derrière les barreaux ? Qui, parmi les Krypto-monstres qui avaient apprit à vivre avec leur pouvoirs, ne se sentirait pas plus en sécurité et moins contrôlés, si leur bourreau de Luthor n’était pas mis en quarantaine ? Personne …

Chloé - On se fiche de savoir comment je vais moi. Je suis venue pour te voir, toi…

Clark ne répondit pas immédiatement. Il coupa un dernier morceau de bois, plus doucement qu’au départ. Il du même s’y prendre à deux fois et termina par raté la coupure qui finit de travers. Soupirant discrètement, il ramassa les morceaux qu’il lança dans un tonneau destiné au bois sec pour le feu. Il remarqua que ce tonneau était plus remplis que les bons morceaux pour réparer la clôture. Il se retint de lever les yeux au ciel. Il alla également ramasser le morceau de bois qui s'était enfui de sa torture, à l'instant.

Pendant ces actions qui avaient l’air banales, Clark faisait disparaître toute traces de son visage. Ses yeux était redevenus aussi impénétrable que sa démarche, et il s’était attaché un sourire convaincant sur le visage. Même s’il n’était pas vraiment dans ses habitudes de sourire. Mais il fallait mieux en faire trop que pas assez. D’autant plus qu’il n’était pas non plus du genre à se morfondre sur son sort. Il avait connu des destins plus tragiques … pendant un instant, il pensa à ce jeune garçon télépathe qu’il avait rencontré il y avait quelques temps … un jeune garçon mort, parce que la cupidité d’êtres humains peu scrupuleux lui avait coûté la vie … Il m’avait prit pour un héros … mais que suis-je si je ne peux même pas protéger les gens que j’aime ?

Chloé allait vraiment finir par se poser des questions sur son état. D’autant plus qu’elle avait l’âme de journaliste, il valait mieux ne pas s’éterniser dans ses réflexions. Clark se tourna alors vers elle tout en gardant cependant sa tête vers le sol, mais dans le but de poursuivre une conversation qui démarrait difficilement … comment se remettre à parler comme si tout allait bien après ce qui venait de se produire ? Réponse, on ne pouvait pas. Pas comme ça …

C’est alors que le garçon de ferme sentit une main des plus compatissantes se poser tout en douceur sur son épaule. Un geste tendre et plein d’affection que le jeune homme reçut cinq sur cinq. Ses barrières protectrice de la libération de ses émotions subirent un grand coup. Elles l’encaissèrent cependant, sans trop de dégâts toute fois. Clark alors, leva les yeux et rencontra ceux de l’ex-journaliste.

- Hum … ça peut aller … Mais on ne se fiche pas de comment tu te sens … Elle … elle était … elle est ton amie …

Pour ne pas céder à l’émotion, Clark eut un nouveau sourire, moins convainquant cependant. Et même si ces yeux brillaient faiblement des larmes qu’il contenait, il les retint fermement. Ce n’était pas en s’apitoyant sur leur sort qu’ils allaient changer quand chose. Il fallait seulement changer de sujet avant que l’émotion ne le submerge.

- Des nouvelles du Gang ? Comment va Oliver ? Et, pas trop de soucis à Isis ?

Chloe ne pouvait s’empêcher de tressaillir à chaque morceau de bois que Clark coupait. Elle sentait dans ces simples gestes toute la détresse de son ami, et elle en arriva bientôt à sentir dans son cœur comme un... un déchirement, oui, qui s’était calquait sur le rythme régulier des morceaux de bois que Clark fendait. Elle sentait cependant que le jeune homme faisait tout pour dissimuler son mal-être, et elle ne voulait pas le brusquer, elle ne voulait pas le pousser à craquer... Ce n’était pas la solution. Non, elle devait attendre qu’il soit prêt à le faire. Pour l’instant, la jeune femme devait juste montrer qu’elle était là pour lui et qu’elle le resterait tant qu’il aurait besoin d’elle. Elle agissait comme une présence rassurante et apaisante, comme une petite flammèche en pleine nuit noire. Comme une bouée de sauvetage à laquelle on pouvait se raccrocher pour ne pas se noyer.

C’est à ce moment que Clark releva enfin les yeux vers elle, et la jeune femme put facilement sentir un pincement dans son cœur. Le kryptonien avait beau donner le change, rendre ses gestes assurants, ses yeux, eux, ne mentaient pas. Et ils exprimaient une tristesse mêlé à une culpabilité tellement puissantes que Chloe se demanda un instant comme il pouvait tout simplement vivre.

Puis Clark reprit la parole. Il insistait. Il voulait savoir comment Chloe se sentait. Que lui répondre ? Elle était censée lui dire quoi ? Qu’elle allait bien, qui lui aussi irait bien bientôt, et que tout serait prochainement pour le mieux ? La vérité, c’est qu’elle n’allait pas bien, et que rien n’irait pour le mieux. Au contraire... Les choses risquaient fort de s’aggraver plus les jours allaient défiler. Chloe choisit donc sagement d’éluder la question. Et puis il fallait dire qu’elle avait peur de fondre en larme si elle ouvrait la bouche sans se concentrer auparavant, et voir la jeune femme s’effondrer n’était sûrement pas ce dont Clark avait besoin. Même s’il fallait l’avouer : pleurer un bon coup lui aurait sûrement fait du bien. Mais qu’importe.

Son ami voulut détourner la conversation, et il fit bien, parce que Chloe était dans une impasse. Elle sauta sur l’occasion : c’était le moment de lui changer les idées, de le pousser à agir, de l’occuper pour qu’il cesse de penser à Lana.
C’était le moment de prétendre comme si tout était encore comme avant. Comme si ils formaient toujours un tandem de choc, elle derrière son écran d’ordinateur, lui dans le feu de l’action.

Le Gang est submergé, en ce moment, c’est assez affolant ! Y’a jamais eu autant de Kryptonien à Metropolis en ce moment je crois ! En plus, ils sont étrangement... puissants. C’est très bizarre. Enfin, bizarre, j’ai l’impression d’avoir tellement utilisé ce mot depuis ces sept dernières années qu’il en a perdu tout son sens ! Enfin bref, et donc les agressions des kryptomonstres psychopathes se multiplient... Si tu veux mon avis de reporter là-dessus d’ailleurs, c’est plutôt louche ! On dirait qu’ils ont tous un but, et les attaques sont relativement bien organisées comparé à d’habitude alors j’en viens naturellement à me demander s’il n’y a pas quelqu’un derrière qui tire les ficelles !
Pour ce qui est d’Oliver, oui, ma foi, il va fort bien ! Oh bien sûr si tu lui demandes, il te dira qu’il est exténué par toutes ces batailles, mais au fond tout le monde sait qu’il adore ça et qu’il n’échangerait sa... vocation pour rien au monde ! C’est d’ailleurs Lois qui en fait les frais, la pauvre. Elle se sent complètement délaissée, en ce moment. Bien sûr elle n’est pas si égoïste, elle comprend parfaitement que son mec doive sauver le monde, ou du moins Metropolis, et que ça passe avant son petit bonheur personnel mais... En fait, elle ne supporte plus du tout l’idée qu’il travaille avec ce Black Canary. M’enfin, c’est Lois, elle est forte, elle passera au dessus de ça à un moment ou à un autre.
Et enfin, à Isis... Oui, tout va bien. Enfin, je suis plutôt débordée, je crois que je n’ai jamais autant fait chauffer mon clavier que ces derniers temps ! Je travaille avec une jeune Infectée qui bosse au Daily Planet, on essaye de monter un dossier de preuves accablantes contre Lex. C’est pas évident, mais petit à petit, on arrive à certaines choses... J’essaye aussi de suivre les faits et gestes de Lex en ce qui concerne sa quête de l’objet qu’avait fabriqué Veritas pour te contrôler, mais ça c’est beaucoup moins évident...

Chloe avait parlé vite, très très vite. Beaucoup plus vite que la normale, en tout cas. Après tout, c’était peut-être ça, la solution ? Peut-être pouvait-elle noyer Clark par ses mots, l’enfermer dans ses paroles, afin que le jeune homme ne se focalise un instant que sur elle et plus sur sa peine ?

Un long silence suivit la totalité des paroles de Chloé. Et, comme dans les films comiques les moins élaborés, un oiseau qui passait par la s’écrasa devant la porte ouverte de la grange, comme écrasé par le poids que pesait toutes ses informations transmises en si peu de temps. Il fallait à tout être humain, et à tout kryptonien un certain temps avant de recourir à la compréhension …

L’animal, sonné, se releva d’une manière très hésitante. Chancelant, le pauvre petit oiseau devait voir trente-six étoiles, si ce n’était que ça. En tout cas, il risquait d’en voir suffisamment pour ne plus pouvoir les voir en peinture. Se secouant les plumes, il se gonfla d’un peu de courage et reprit un vol pas très assuré … Faut arrêter de boire quand on conduit …

Bref, revenons à nos moutons. Clark avait donc prit un certain temps avant d’emmagasiner la quantité impressionnantes d’informations que Chloé venait de lui donner. Même quand il se sentait si mal, le monde continuait de tourner, avec ces habituels crimes et étranges faits. A croire qu’il n’avait jamais le droit à une sorte de pause. Parfois, cela aurait été pratique de se retrouver dans les bac à sable de l’école primaire pour pouvoir hurler « Pouce ! » afin de prendre du repos.

Avant même de chercher à relier les éléments entre eux, avant même de commencer toutes étapes nécessaire à la compréhension, Clark eut un soupire. Pas celui d’un homme lassé, mais au contraire, celui qui serai synonyme de « Au travail ! ». Il nota toute fois que Chloé avait encore éviter la question sur elle seule. Décidément, aucun d’entre n’eux n’était vraiment décidé à lever le voile quelque peu hypocrite qui n’avait qu’un but : les protéger de leur propre douleur intérieur … de leur propre tristesse. La perte, même si elle n’était que partielle, d’un proche était dur à supporter.

Clark se secoua spirituellement les idées. Il ne voulait pas recommencer à songer à Lana. Pour le moment, il était dans sa phase de travail pour le Gang. Il se renseignait sur le monde extérieur. Il s’occupait de la seule chose qui lui permettait de quitter sa forteresse de Solitude et des idées noires. Il assimila alors tout ce que venait de lui dire Chloé et mesura la gravité relative de la situation.

De toute évidence, les Krypto-monstres ressurgissaient, plus fort, plus nombreux et plus puissant que jamais. Il y avait forcément quelqu’un, ou un motivation qui les motivaient à ce points. Et ce sursaut d’activité plongeait manifestement les membres du Gang dans le surmenage … Pourquoi ne l’avaient-il pas prévenu plus tôt ? De toute évidence, Oliver Queens avait du faire le nécessaire pour qu’on le dérange le moins possible pendant quelques temps … Certes, Clark lui était redevable, mais en même temps, il aurait aimé être au moins au courant. Car à force de trop vouloir aider, il se sentait coupable de se qu’il ne faisait pas. Compliqué ? Non, pas du tout !

Enfin, l’idée que Chloé travaille sur un dossier réunissait les preuves pour faire tomber Lex plongeait Clark dans un état à mi chemin entre l’incitation à la prudence et la félicitation. Il fit cependant un regard qui résumait tout ça à Chloé, d’un air assaisonné de bienveillance, comme c’était son habitude. Et quand elle parla de Lex, elle fit mention de l’objet de Véritas …

Véritas … une association qui se voulait bénéfique pour Le Voyageur … pourtant, elle avait fabriqué ou plutôt avait découvert le mécanisme d’un objet capable de le contrôler … quel accueil ! Depuis, Clark se levait chaque jour avec la peur de ne plus maîtriser son propre corps, et d’être obligé d’obéir à une voix qui serait celle de Lex, implantée dans son esprit. Voila de quoi alimenter certains de ces cauchemars, fréquents, en ce moment … loin était le temps des rêves de Lana où il se retrouvait en lévitation à son réveil !

Jamais l’avant ne reviendra …

- Wow … Et bah, à croire que ça fait un siècle que je ne suis pas sortit de cette ferme. Il y a du nouveau en tout cas … j’pense que si j’arrive à trouver un moment, j’irai voir Oliver. Quand au sujet de Lex, tu sais ce que je vais te dire, mais je te le dis quand même : sois prudente si tu te mêle des affaires de Lex … On sait tous de quoi il est capable … après tout, c’est un véritable Luthor maintenant …

Vis-à-vis des Krypto-monstres, j’en ai pas vraiment entendu parler dernièrement, mais je compte bien mettre un terme à tout ça … enfin, sans vouloir te vexer … vu que toi, t’as conservé toute ton humanité, contrairement à certains qui n’ont pas eut la même chance avec la météorite verte … hum … Bref, en tout cas, je suis venu avec cette chose, je m’arrangerai pour qu’il n’en reste plus sur Terre, je te le promets …

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